Le sport est indissociable de la culture depuis l’époque antique ( VIII siècle – IV siècle avant J.C ) . En effet, nos ancêtres grecs plaçaient le sport au centre de la culture. Le sport était l’une des choses les plus importantes dans leur hygiène de vie. D’ailleurs, le sport était associé aux activités de l’esprit. Les tous premiers JO ont vu le jour chez nos ancêtres helléniques. Ils mélangeaient les activités sportives à la poésie, à la rhétorique, à la musique ou encore à la philosophie. Il ne suffisait donc pas d’être en culture physique mais il fallait aussi avoir une bonne culture générale en complément. C’est pour dire que la frontière entre le sport et la culture était mince. Les sports les plus pratiqués étaient les sports appelés gymniques : course à pied, saut en longueur, lancer du disque, lancer du javelot, lutte, boxe et le pancrace ( sport de combat très violent ). Les sports hippiques étaient généralement réservés aux plus fortunés et les sports nautiques peu développés bien que la plupart des grecs sussent nager. Le sport a été pour eux un facteur d’unité par l’idéal commun qu’il représentait. Il était avant tout un facteur d’unité morale. Le « pédotribe », le coach de l’antiquité, celui qui travaillait dans la palestre c’est-à-dire le gymnase dans l’antiquité, venait se placer à côté des « grammatistes » et des « citharistes » qui enseignaient respectivement les lettres et la musique. Ces trois arts réunis permettaient aux jeunes grecs d’atteindre un juste équilibre entre force et beauté acquises par le sport, ceci allié à l’esprit. Comme nous aujourd’hui, certains athlètes, devenus avides de performances, entrainèrent leur corps à outrance et négligèrent petit à petit l’enseignement des lettres. Ce qui fut beaucoup critiqué par les philosophes, savants et hommes de lettres de cette époque.
Il n’y a qu’à notre époque que nous avons tendance à dissocier sport et culture. Or, la culture est un concept dense et général qui inclut de multiples concepts particuliers dont le sport.
Mesurez-vous à Nietzsche
Il faudra mériter de passer la ligne d’arrivée. Dans les derniers mètres du Trail d’Eze, un dernier effort vous attend, un duel avec Nietzsche. Cette dernière pente au dénivelé positif se révèlera aussi dure que la pensée de ce célèbre philosophe allemand.
Que se passera-t-il dans cette dernière montée ? Après environ 17kms de course incluant montées, descentes et quelques zones de plat, Nietzsche vous attendra et vous testera sur environ 2kms avant d’atteindre l’arrivée. C’est à ce moment là, cassé par les kilomètres déjà parcourus et la fatigue s’infiltrant doucement dans votre corps, qu’il faudra se porter au-delà de soi et ne pas demeurer dans ses propres limites. Ainsi la volonté de puissance s’établira en vous et vous remporterez ce duel en ne pouvant plus être identique à vous-même après avoir franchi la ligne d’arrivée. On dit que le hasard, pour ce qui veulent bien y croire, fait bien les choses mais, justement, il n’y a peut-être pas vraiment de hasard.
Mais qu’est-ce que cette « volonté de puissance ? » Nietzsche a développé un concept, qui sera au cœur de sa philosophie, touchant le corps, la volonté et l’esprit et qui s’applique alors parfaitement au sport. La volonté de puissance est la qualité fondamentale d’un devenir. Pour Nietzsche, il y a quelque chose dans la volonté qui affirme sa puissance. C’est ainsi que la volonté de puissance désigne un impératif interne d’accroissement de puissance, une loi intime de la volonté exprimée par l’expression « être plus ». Cela pose une alternative : devenir plus ou dépérir. Et Nietzsche prendra comme point de départ pour l’interprétation de son concept, le corps. En résumé, si tout ce qui est volonté de puissance doit devenir plus, il n’est en effet pas possible pour un être de demeurer dans ses propres limites. Être « volonté de puissance » c’est ne jamais pouvoir être identique à soi et être toujours porter au-delà de soi.
C’est bien ce qui se passe dans le sport. Les sportifs, qu’ils soient amateurs ou professionnels, sont perpétuellement amener à se dépasser, à repousser ses limites, à devenir plus et être alors « volonté de puissance » comme le dirait Nietzsche. Tout cela pour progresser, atteindre un objectif, trouver de nouvelles sensations mais aussi par besoin de se tester et de se prouver que l’on en est capable.