Le sanctuaire de Laghet
Il existe, à quelques kilomètres derrière l’ostentatoire Monaco, caché, niché, en contrebas du Trophée d’Auguste, un petit hameau auréolé de paix appelé « Laghet ». Ce nom vient de l’italien « laghetto » voulant dire petit point d’eau. C’est ici que se dresse, au creux du vallon silencieux, près d’une petite rivière méditerranéenne, ce monument sobre et massif, respirant le mystère et la sérénité, le Sanctuaire de Laghet. Il s’élance dans le ciel, vers la maison de Dieu, avec son haut campanile. Entouré et protégé par les montagnes grises nuancées par les pins envoutants et les délicats oliviers, il devoile une piazzetta chaleureuse habillée de quelques arbres et d’une jolie fontaine. Cet univers de paix n’est troublé que par les pèlerinages.
Revenons maintenant quelques siècles en arrière, au XVe siècle … Le sanctuaire était alors un modeste oratoire de campagne presque à l’abandon et le resta jusqu’au milieu du XVIIe siècle. La petite chapelle servait même parfois de remise bestiaux. Elle comptait malgré tout quelques dévots, humbles gens des environs et des habitants des bourgs voisins y organisaient quelques pèlerinages.
En 1625, le prêtre d’Eze ( dont dépendait le territoire de Laghet ), Don Jacques Fighiera restaura la chapelle. Mais c’est en 1652 que la chapelle est vraiment mise en lumière. La Vierge Marie manifeste sa présence invisible : guérisons « spectaculaires », délivrances de prisonniers et de possédés. Les miracles se multipliant, toute une foule se déplace de Nice et de Monaco ainsi que de Provence et de Ligurie. A partir de ce moment là, le sanctuaire est construit en 3 ans et l’Eglise est inaugurée le 21 Novembre 1656. En 1653, une commission, réunit par l’Evêque de Nice, conclut à l’authenticité des miracles de
Laghet. En 1674, le monastère est confié aux Pères Carmes.
En 1792, les Pères Carmes abandonnent le monastère saccagé par les révolutionnaires français. Il ne sera rouvert qu’en 1797 et les Pères le réintégreront seulement en 1815. En 1903, les Pères Carmes sont expulsés, l’Eglise est alors fermée et le monastère vendu aux enchères. Puis le diocèse est racheté et l’Evêque de Nice obtient la réouverture de l’Eglise. Ainsi les pèlerinages peuvent reprendre. En 1930 le Sanctuaire devient une maison d’accueil pour des retraites spirituelles. L’Eglise est restaurée en 1964 et l’ensemble des bâtiments suivront.
Enfin en 1978, les sœurs bénédictines du Sacré cœur de Montmartre à Paris se mette au service du diocèse au Sanctuaire. Cet étape a été marquante dans l’histoire du Sanctuaire. Aujourd’hui, les sœurs bénédictines y officient toujours et de nombreux pèlerinages y sont organisés, accueillant des pèlerins venant de toute l’Europe. L’histoire du Sanctuaire est pleine de simplicité, tout comme son bâtiment et ses environs et c’est ce qui préserve ce caractère authentique d’amour et de paix .
Pour la petite histoire, la statue que l’on peut voir au-dessus de l’autel appartenait à Don Jacques Fighiera qui la légua au Sanctuaire suite à l’accomplissement des Miracles.
L'empereur Auguste César, sa voie et son Trophée
Il trône au sommet du village de la Turbie depuis l’an 6 av. J-C, tel un protecteur et un emblème pour ce jolie village des Alpes Martimes nichés au creux des montagnes alentours, dominant le luxueux Monaco et surplombant la baie azuréenne, c’est le Trophée d’Auguste évidemment !
On ne peut pas parler de ce monument historique sans parler de la Voie Romaine ou Via Julia Augusta appelée aussi la Via Aurelia.
La Via Aurelia correspondait à l’itinéraire côtier qui relier Rome au Rhône. Elle a été mise en œuvre à partir de 241 av. J-C par la consul de Rome. Son point de départ était Rome et elle longeait ainsi toute la côte occidentale italienne en passant par Pise, Luni et plus loin San Remo et Vintimille avant d’arriver en France.
En 14 av. J-C, l’Empereur romain, Auguste, part à la conquête des Alpes Maritimes. L’Empereur va obtenir la soumission des peuples habitant dans les Alpes Maritimes et cela va permettre de raccourcir le trajet entre Rome et l’Hispanie en passant par des zones plus praticables. Après avoir traversé Menton et le Cap Martin, la voie commençait son ascension vers la Turbie qui fût le siège d’une ancienne occupation romaine. C’est là que commence la Via Julia Augusta qui designe donc la portion de Via Aurelia située entre le fleuve Var et la cité de Piacenza en Ligurie. Cette portion porte donc le nom de son instigateur, l’Empereur Auguste, fils adoptif de César. Elle bénéficie de cette dénomination particulière due au fait de son statut à part en rapport avec les victoires de l’Empereur Auguste sur les peuples Alpins. Cette voie est représentée encore aujourd’hui grâce aux bornes militaires datées entre le 1 juillet 13 et le 6 mars 12 av. J-C.
C’est en 6 av. J-C que le Sénat romain décide de construire sur la colline de la Turbie ( le début de la Tête de Chien ) Le Trophée des Alpes, également nommée le Trophée d’Auguste. Ce Trophée domine depuis 2000 ans de façon majestueuse la Méditerranée. Les dimensions de ce monument impressionnent : il fait plus de 35m de côté et la statue d’Auguste repose à 49m du sol. Le but de ce monument était évidemment de commémorer la victoire d’Auguste sur les dernière peuplades rebelles des Alpes. Le Trophée sera laissé à l’abandon à la fin de l’Empire, il subira de grandes destructions au Moyen-Âge car il servira de Forteresse. Enfin il sera miné en 1705 pour servir de carrière. L ‘édifice sera rénover au début du 20ème siècle ce qui nous permet de le visiter encore aujourd’hui.